La prochaine ère industrielle qui changera nos vies, c’est l’industrie 4.0. Rappelons-nous que la machine à vapeur a engendré la première révolution industrielle, alors que la production de masse et les chaînes de montage ont donné lieu à la seconde. L’ordinateur et l’automatisation ont pour leur part été les moteurs de la période industrielle actuelle, alors que celle à venir, la quatrième, reposera sur la connectivité, l’échange de données entre les machines intelligentes. Cela permettra sur une ligne de production des changements de procédés dynamiques générés par des capteurs, le tout dans un système en circuit plus fermé.

Le concept de l’industrie 4.0 est né en 2012 d’une série de recommandations présentées au gouvernement allemand et maintenant connu à travers toute l’Europe. Bien qu’il soit moins connu en Amérique du Nord, le concept connaît un intérêt grandissant dans les secteurs du bois, du moulage de plastique, de l’automobile et de l’automatisation industrielle au Canada et aux États-Unis.

Cette ère devrait permettre d’optimiser la consommation d’énergie et la traçabilité (de la production à la consommation) — ce qui est particulièrement intéressant pour le secteur agroalimentaire —, de mieux intégrer les différents fournisseurs industriels (dans l’aéronautique et l’automobile notamment), d’offrir des produits plus personnalisés, etc.

Les compétences du travailleur 4.0

On prévoit que l’industrie 4.0 engendrera une meilleure intégration des technologies et qu’une capacité d’analyse de données jamais vue propulsera les systèmes de production. Il reste à savoir quelles répercussions cela aura sur la force de travail de demain, notamment en matière de compétences recherchées. Et ce pourrait bien s’avérer le plus grand défi.

Une recherche récente de Pricewaterhouce Coopers (pwc) indique que « l’absence de culture numérique et de formation appropriée à cet effet a été déterminée par des entreprises d’aéronautique, de défense et de sécurité comme le plus grand défi auquel elles sont confrontées. Plus de la moitié (55 %) des entreprises interrogées ont listé ce défi dans leur top 3 ». Le Boston Group a pour sa part affirmé qu’« un ajustement significatif des profils de compétences est nécessaire pour permettre la croissance ».

Les trois compétences qui deviendront, selon moi, essentielles sont d’être en mesure de :

  • S’adapter aux équipements de production et développer entre celles-ci des mécanismes de communication plus poussés.
  • Analyser des données industrielles (ce qui nécessitera de solides connaissances en mathématiques et en analyses/statistiques de logiciels).
  • Comprendre et gérer les technologies de l’information avancées dans l’usine (telle que les protocoles de machine à machine, les réseaux Wi-Fi et cellulaires et leur sécurité, le traitement de données en temps réel, etc.).

Certaines de ces compétences nécessitent des capacités de réflexion plus développées — comme de donner du sens, d’analyser et d’interpréter des données — que de retenir une information ou d’appliquer une procédure. L’industrie 4.0 aura comme impact net de remplacer une main-d’œuvre moins qualifiée par travailleurs capables de superviser, de gérer et d’optimiser des cellules de fabrication intelligentes.

On devra voir au développement de ces compétences non seulement dans l’industrie, mais aussi dans les programmes d’études techniques des collèges et des universités, qui devront se mettre au diapason de ces avancées.

La technologie elle-même pourra aider à acquérir ces nouvelles compétences. Imaginez un environnement d’usine virtuel où l’apprenant peut questionner chaque machine intelligente à l’aide de données actualisées, puis interpréter l’information reçue pour pouvoir prendre une décision. Cette décision pourra à son tour enrichir la banque de données des scénarios testés. De tels simulateurs d’apprentissage existent déjà et sont de plus en plus abordables. Ils offrent un terrain d’apprentissage riche et sécuritaire pour les opérateurs de procédés et leurs superviseurs.

Les projets et les défis ne manqueront pas!

Guillaume Perron

Auteur:
Guillaume Perron

Chef des affaires commerciales @KnowledgeOne. Évangéliste. Geek et papa. Philanthrope armé de chocolat noir. Repousse ses limites physiques.