Si les programmes d’IA les plus avancés peuvent mimer avec un certain succès des fonctions cognitives associées à l’intelligence humaine dans le but de résoudre des problèmes, décoder l’humour et faire rire s’avèrent autrement plus complexe.

La première intelligence artificielle (IA) humoriste s’est produite l’an dernier au festival international d’humour de Melbourne. LOL-BOT, de son petit nom, conte des blagues en recoupant des données de textes et d’images provenant des milliers de serveurs sur lesquels elle est branchée. Avouons que si son auditoire s’est déridé, c’est sans doute davantage en raison de l’effet de surprise qu’elle a créé que pour sa performance de stand-up comique. Mais bon, c’est un début, et la machine gagne en spontanéité par rapport à nos assistants personnels intelligents dont les répliques — qui comptent, oui, quelques perles* — restent préprogrammées.

Aussi naturel qu’il paraisse au genre humain, l’humour représente tout un défi pour l’IA, le plus grand, selon plusieurs.

Un processus difficile à décoder

Si les codes de l’humour semblent si difficiles à déchiffrer, c’est qu’il est affaire de culture, de contexte, de non-dit et d’interaction, et qu’il mobilise des facultés cognitives, notamment innées, parmi les plus sophistiquées : conscience de soi, maîtrise de la nuance du langage, compréhension des émotions et du non verbal, spontanéité, empathie, etc. Ajoutons à ce cocktail les marques d’esprit qui s’y rattachent que sont notamment l’effet de surprise, la répartie, l’autodérision, le sarcasme, le second degré, l’absurde ou la transgression.

Art, voire science selon certains, les spécialistes de divers horizons qui tentent de percer ses secrets ayant chacun leur jargon et leur angle d’approche ne parviennent pas à un consensus. Deux Américains, le journaliste Joel Warner et le directeur de l’Humor Research Lab du Colorado, Peter McGraw, ont fait le tour du monde pour tenter de le comprendre et publié leurs observations dans un livre intitulé The Humor Code. La théorie du rire la plus probante selon eux est celle de la « violation bénigne ». Avancée par le linguiste Thomas Veatch à la fin des années 1980, cette théorie soutient qu’on rit à ce qui semble déplacé ou choquant, mais pas trop.

La recette du rire tiendrait donc peut-être dans la maîtrise de cet équilibre délicat qui doit prendre en compte que la limite « du bénin » diffère non seulement d’une culture à l’autre, mais aussi d’une personne à l’autre. Bref, il y a fort à parier que l’humour sera l’un des derniers continents sur lesquels l’IA pourra planter son drapeau… si elle y parvient! 😉

L’IA fait danser le vrai monde

En attendant de nous faire vraiment rire, l’IA nous fait danser. Hello World, paru au début de l’année, est le premier album conçu en partie par l’IA dans le but d’explorer ce qui fait qu’un créateur possède un style qui lui est propre. Plusieurs artistes, dont Stromae, ont collaboré à l’écriture des chansons avec un algorithme qui suggérait des idées.

*Dis, Siri, fais-moi rire!

On retrouve sur le web des palmarès des meilleures répliques venant des assistants personnels intelligents ou encore des listes de questions à leur poser pour les découvrir. Certains internautes s’amusent aussi à comparer l’humour d’Alexa, Siri ou Cortana pour déterminer laquelle est la plus comique.

Voici un échantillon du répertoire comique de Siri :

« Siri, quel est le sens de la vie?

— Toutes les preuves à ce jour semblent indiquer que c’est le chocolat. »

« Siri, veux-tu m’épouser?

— Mon contrat de licence utilisateur ne comprend pas les mariages. Désolé. »

« Siri, prends une photo.

— Je ne suis pas un photographe. »

« Siri, est-ce que tu es une machine?

— Eh bien, je ne voudrais pas me vanter, mais j’ai eu un B+ au test de Turing. »

« Siri, raconte-moi une blague.

— Je ne peux pas, j’oublie toujours la chute. »

Catherine Meilleur

Auteure:
Catherine Meilleur

Rédactrice de contenu créatif @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative.