Limiter l’usage du téléphone intelligent pour un apprentissage plus efficace

Un enfant jouait dans la nature par une chaude journée d’été. Il avait pour consigne de rentrer à la maison avant la nuit. Sinon, il se coucherait sans souper. Pour rentrer chez lui, l’enfant devait marcher le long d’un chemin étroit. Il a presque fait tout le chemin du retour, quand une étrange créature s’est approchée de lui et a parlé d’une source à proximité. Comme il faisait chaud, l’enfant y est allé. Mais, la source était plus loin que ce que la créature semblait indiquer, et quand l’enfant est rentré chez lui, il faisait déjà nuit. Il a été envoyé se coucher l’estomac vide. Le lendemain, sur le chemin du retour, l’enfant décida de retourner à la source.

Le chemin étroit de l’anecdote peut représenter une date limite de travail, une période de révision auto-imposée en vue d’une évaluation ou simplement une lecture obligatoire. Quel que soit le chemin étroit que l’on emprunte, il est très facile de s’en écarter. En 2021 aux États-Unis, l’utilisateur moyen du téléphone intelligent recevait chaque jour environ 50 notifications de type « push » (Business of Apps) — ces notifications sont des messages d’alerte envoyés par un serveur qui « pousse » de l’information à l’utilisateur par le biais de son appareil intelligent. Une fois que les utilisateurs se retrouvent sur l’application dont ils ont reçu une notification, ils sont soumis à du matériel ciblé et adapté qui est déployé et présenté dans un seul but : les garder là, indéfiniment — pour les faire dévier de leur chemin. Et avec les téléphones intelligents et autres appareils contemporains du même genre, l’ironie est que s’ils peuvent être une importante source de distraction, ils peuvent aussi faire partie des outils les plus utiles dont les utilisateurs disposent. Combien de fois avez-vous déverrouillé votre téléphone pour faire quelque chose de précis, c’est-à-dire vérifier une échéance ou envoyer un courriel, et êtes tombé par inadvertance dans un écran défilant sans fin?

Eh bien, c’est le cas de tout le monde!

L’apprentissage en ligne est généralement autodirigé et, par conséquent, exige certains niveaux d’autonomie et de discipline. Mais avec les distractions qui vous éloignent constamment du chemin, comment pouvez-vous maintenir votre trajectoire et arriver finalement à la destination prévue?

Voici quelques conseils et astuces pour cultiver un espace d’apprentissage efficace et favoriser l’attention.

C’est le téléphone qui vous appartient… pas le contraire!

Parlons de « l’éléphant dans la pièce » des distractions : les téléphones intelligents.

Les statistiques ne sont pas nécessaires ici. Il suffit de regarder autour de soi pour comprendre l’importance de ces appareils dans nos vies. Mais, les téléphones intelligents peuvent être utilisés pour améliorer l’expérience d’apprentissage Par exemple, les enseignants peuvent inviter les étudiants à utiliser leurs appareils pour participer à un jeu-questionnaire en temps réel ou pour partager différents contenus et expériences en ligne. Malheureusement, une telle utilisation ne représente qu’une fraction des capacités d’un tel appareil. Alors, comment en tant qu’apprenant pouvez-vous limiter les distractions qui y sont liées? Voici des pistes.

  1. Mettez-le hors de portée. Les tactiques les plus simples sont souvent les plus efficaces. Si votre appareil se trouve dans une autre pièce, vous ne pouvez pas l’atteindre physiquement. En tant qu’apprenant, si vous savez que votre téléphone n’est pas nécessaire pour accomplir une leçon ou une tâche particulière, il serait souhaitable de le ranger hors de votre vue… ou de votre ouïe! Dans ce dernier cas, le téléphone peut être mis en mode « vibration seulement » ou « ne pas déranger ».
  2. Faites-en le ménage. Un téléphone intelligent ordinaire contient en moyenne plus de quatre-vingts applications (buildfire), dont plusieurs sont souvent téléchargées puis oubliées ou utilisées temporairement puis abandonnées. Il faut savoir que les applications pour téléphones sont conçues de manière à ne pas être oubliées. C’est-à-dire que même une application inutilisée continuera à vous envoyer des notifications push. Alors, supprimez les applications superflues! Pour celles que vous décidez de garder, demandez-vous si les notifications que vous recevez ont besoin d’être traitées dans l’immédiat. Si ce n’est pas le cas, il peut être utile de modifier vos paramètres de notifications pour empêcher votre téléphone de s’éteindre continuellement.
  3. Réfléchissez-y. En tant qu’apprenant autonome et compétent, vous êtes en mesure de faire preuve d’esprit critique. Si des solutions pragmatiques comme celles présentées ci-dessus sont trop radicales, vous pourriez simplement vous arrêter et réfléchir avant d’utiliser machinalement votre téléphone. Demandez-vous pourquoi vous êtes brusquement tenté de le saisir. Vous vous ennuyez? Alors il est peut-être temps de faire une pause. Vous faites face à des difficultés de compréhension? Alors vous devriez peut-être revenir en arrière et revoir les concepts en question. Attraper son téléphone est un réflexe moderne.

Le moyen mnémotechnique suivant — BALE (adapté de KAJABI) — comprend quatre éléments supplémentaires, sans rapport avec l’utilisation du téléphone dont vous pourriez tenir compte lorsque vous essayez de cultiver un espace et un moment propice au travail.

  • Besoins : Vos besoins de base sont-ils couverts? Vous avez peut-être besoin d’une tasse de café, de vous hydrater ou de prendre une collation. Il est important de faire le point avec vous-même. Si vous êtes capable d’anticiper vos besoins en vue de votre période d’apprentissage, vous pourrez vous préparer en conséquence. Ainsi, au lieu de devoir vous éloigner de votre environnement pour répondre à un quelconque besoin, vous pourrez le combler dans l’immédiat et poursuivre votre apprentissage sans interruption.
  • Ambiance : Vous devez être conscients de l’environnement qui convient le mieux à votre pratique d’apprentissage. Pour certains apprenants, le bourdonnement d’une foule, une liste de musique douce ou une baladodiffusion qui joue à un faible volume peuvent agir comme fond sonore méditatif et faciliter leur concentration. Pour d’autres, le silence est préférable. Il est important que vous sachiez de quelles manières votre environnement influence votre apprentissage.
  • Lumière : Travailler dans une pièce où la lumière directe ou indirecte du soleil est insuffisante peut provoquer de la fatigue. Travailler dans une pièce sans lumière du tout peut fatiguer les yeux et même provoquer des maux de tête et des migraines. Si vous avez des fenêtres, vous devriez envisager de laisser entrer un peu de lumière naturelle dans votre espace, ne serait-ce que pour rappeler à votre corps l’heure qu’il est!
  • Ergonomie : Il n’est pas recommandé d’utiliser ses genoux comme table pendant une période prolongée. Une installation fonctionnelle permet non seulement à votre corps de se détendre, mais aussi à votre esprit. Une position de travail inconfortable peut entraîner des courbatures et des douleurs qui peuvent vous détourner du travail à accomplir.
Josh Quirion

Auteur:
Josh Quirion

Concepteur d’expériences d’apprentissage @KnowledgeOne |
Écrivain et rédacteur en chef de 
yolkliterary.ca 

Josh Quirion est un ancien journaliste et instructeur au cégep. Il détient un baccalauréat en éducation de l’Université Bishop’s et une maîtrise en littérature anglaise et en création littéraire de l’Université Concordia. Quirion a publié son premier livre, Towners & Other Stories (Shoreline Press), en 2020.