Les neurosciences ont permis de jeter un nouvel éclairage sur la façon dont nos cerveaux apprennent. Même s’il reste encore beaucoup à explorer, on sait désormais que certaines croyances peuvent être reléguées aux oubliettes, alors que d’autres méritent qu’on s’y intéresse à nouveau. Voici 7 mythes passés au tamis des neurosciences!
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Certains sont doués pour apprendre, d’autres non, et on n’y peut rien…
En voilà une croyance qu’il vaut mieux désapprendre au plus vite. Acquérir de nouvelles connaissances est un processus ardu, qui se fait de manière progressive pour tous. Il suffit parfois d’aborder l’apprentissage sous un angle plus ludique pour stimuler suffisamment notre curiosité et en tirer des bénéfices insoupçonnés. Chez l’enfant d’âge préscolaire, les jeux de mots et les comptines, en plus d’être amusants, peuvent le préparer « sérieusement » à la lecture.
Chez les jeunes comme chez les plus vieux, apprendre à jouer d’un instrument de musique stimule le développement de plusieurs parties du cerveau et procure des bénéfices à long terme. La pratique régulière d’un sport ou l’apprentissage d’une nouvelle langue aident pour leur part à ralentir le déclin cognitif, à préserver la mémoire. Et puisque le cerveau est doté d’une certaine plasticité, l’apprentissage — et ses bienfaits — est possible à tout âge.
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Le cerveau du jeune enfant est comme une « page blanche »
Eh non, le cerveau du petit n’est pas vierge de connaissances… À preuve, bébé a déjà un sens des nombres : il peut évaluer intuitivement les quantités, en sachant faire la différence par exemple entre 2 objets ou une douzaine. Au cours de sa première année, l’enfant reconnaît déjà tous les phonèmes de sa langue maternelle.
Bref, le petit être humain possède un excellent « algorithme d’apprentissage », qui fait en sorte que vers 3 ans, il peut associer aux objets des symboles — notamment des chiffres — et commence ainsi à faire des mathématiques. Quant aux circuits du langage, ils se mettent en place dès 2 mois et sont bien établis à 5 ans.
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Le par-cœur c’est dépassé!
Pas si vite. En fait, les neurosciences confirment plutôt que cette bonne vieille méthode n’a pas tout faux! C’est que la répétition est une condition sine qua non pour que la rétention de l’information soit durable. Pour donner des résultats optimaux, il faut toutefois que la répartition suive un principe : étudier de façon concentrée sur de courtes périodes à intervalles espacées.
C’est cette forme d’entraînement — l’apprentissage dit « distribué » — qui permet de tisser peu à peu les connexions pour que la nouvelle connaissance passe de la mémoire de travail (ou à court terme) à la mémoire à long terme. Une fois qu’un apprentissage est automatisé, le cerveau est libre pour passer au prochain.
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« L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt! »
Peut-être, mais à condition qu’ils aient bien dormi. C’est que durant le sommeil, le cerveau rejoue les informations absorbées durant la journée. La région de l’hippocampe, qui tient un rôle fondamental dans la mémoire épisodique et la consolidation de l’apprentissage, est alors très active.
On ne sait pas exactement comment le sommeil intervient. Ce pourrait être en permettant un nettoyage qui rétablirait à son meilleur la faculté d’apprendre ou la traduction sous forme de règles de l’information épisodique acquise le jour. Quoi qu’il en soit, 10 heures de sommeil sont recommandées pour les enfants, et entre 7 et 8 heures, pour les adultes.
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L’usage d’électrodes dans les recherches neuroscientifiques vise à augmenter les capacités intellectuelles
Ce n’est pas tant un mythe sur l’apprentissage que sur les neurosciences… mais cette drôle d’idée — pourtant courante — doit être clarifiée. L’objectif des chercheurs est plutôt d’enregistrer l’activité électrique du cerveau pour comprendre son fonctionnement.
Les neuroscientifiques utilisent d’autres types d’appareils, dont ceux à imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle (IRMf) qui permettent de visualiser les tissus mous pour cartographier les activités fonctionnelles du cerveau. Une IRMf fort attendue sera en fonction dès 2019 en France au centre NeuroSpin. Elle produira des images 100 fois plus précises que celles dont nous disposons à l’heure actuelle.
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Pour bien mémoriser il vaut mieux lire « dans sa tête »
Répéter la lecture à haute voix est nécessaire pour bien mémoriser l’information. Cet exercice est toutefois plus important chez l’enfant, puisqu’en vieillissant, on devient plus apte à intérioriser la vocalisation, autrement dit à lire dans notre tête.
En plus d’aider à enregistrer l’information, la vocalisation et l’autorépétition servent de mémoire auxiliaire dans le calcul mental ou pour la compréhension des phrases plus longues (Baddeley, 1992).
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Les logiciels d’apprentissage pour les jeunes vont remplacer les profs
La présence de l’enseignant sera toujours essentielle au parcours scolaire des jeunes. Toutefois, bien encadrée, la technologie peut aider les enfants d’âge scolaire entre autres dans leur apprentissage de la lecture et des mathématiques. Puisqu’il faut à cet âge des milliers de répétitions pour décoder un mot, les logiciels conçus par les neuroscientifiques permettent à l’enfant de s’entraîner à des tâches précises, à son rythme, selon son niveau et de manière ludique.
Rappelons que les effets des écrans sur le cerveau des jeunes préoccupent les autorités de santé publique, qui ont émis des recommandations en ce sens (Naître et grandir). Ce n’est donc pas plus souhaitable qu’un jeune passe au quotidien des heures devant un écran, même dans un but éducatif. Ce ne serait pas nécessaire non plus. À titre d’exemple, des chercheurs ont évalué qu’un usage du logiciel GraphoLearn à raison de 15 minutes par jour, 4 jours par semaine, a permis à des élèves d’avoir à leur actif 16 heures de décodage d’avance par année. Les premiers jeux sérieux de ce type ont été conçus par des Finlandais au début des années 2000 pour traiter la dyslexie.