L’intelligence artificielle (IA) est en train de transformer notre monde. Déjà présente dans de nombreux secteurs d’activités, de la médecine aux transports en passant par l’avènement des villes dites « intelligentes », cette technologie est là pour rester. Or, son essor fulgurant des dernières années suscite tant l’enthousiasme que l’inquiétude. Si certaines de ces réactions découlent davantage de la fantasmagorie — telles que la peur de voir la machine prendre le contrôle sur l’humain —, on ne peut en revanche nier que le développement et l’utilisation de l’IA comportent de sérieux enjeux notamment sur les plans éthique et sociétal.

Pour nous assurer de rendre cette technologie humainement responsable, pour qu’elle serve le bien commun à long terme, il est essentiel de lui donner un encadrement adéquat et d’éduquer l’ensemble de la population à son sujet. Voici quelques initiatives dignes de mention prises en ce sens, ici comme ailleurs.

La Finlande, élève modèle. La Finlande est souvent à l’avant-garde dans bien des domaines et celui de l’IA n’y fait pas exception. En 2018, l’Université d’Helsinki a lancé à l’intention de tous ses citoyens un cours en ligne gratuit sur les bases et les enjeux de l’IA. Les Finlandais qui complètent cette formation de 30 heures ont droit à des crédits de l’Open Université d’Helsinki, alors que les étrangers obtiennent une attestation. Le cours est en voie d’être offert dans toutes les langues de l’UE.

Former notre relève et éduquer la société de demain à l’IA. En 2019, l’accélérateur de recherche GAIA (pour Global Artificial Intelligence accelerator), issu d’un partenariat entre Ericsson et l’organisme Mitacs, a accueilli à Montréal 80 stagiaires de recherche en vue de travailler sur l’IA et l’apprentissage machine. D’ici la fin de l’expérience prévue en 2022, les stagiaires seront entre autres appelés à participer au développement des divers aspects de la ville intelligente, en plus de trouver des solutions aux obstacles que posent les réseaux sans fil actuels ainsi qu’aux problèmes réels rencontrés dans l’industrie. L’Université Concordia compte 25 étudiants et étudiantes, soit la délégation la plus importante des huit universités canadiennes participantes.

Mentionnons qu’en dehors des programmes d’études et de recherche mis en place dans certaines de nos universités, les deux instituts montréalais IVADO et Mila ont conçu un MOOC de cinq heures offert gratuitement sur l’apprentissage profond.

Enfin, l’IA fait officiellement son entrée dans le cursus scolaire québécois. Tel que présenté par le gouvernement du Québec au printemps 2019, le Plan d’action numérique en éducation et en enseignement supérieur, qui vise à favoriser une utilisation confiante, critique et créative du numérique, compte notamment « développer une compréhension globale à l’égard de l’intelligence artificielle et de ses impacts sur l’éducation, la société, la culture ou la politique ».

Des propositions dans la bonne direction. Plusieurs déclarations, recommandations et rapports et ont été produits au cours des dernières années en vue d’encadrer l’IA (voir Liste) que ce soit à l’occasion de sommets mondiaux, de partenariats entre pays ou encore à l’initiative d’acteurs de premier plan en IA, comme ce fut le cas pour la Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’intelligence artificielle, dévoilée en 2018. Le but de l’initiative montréalaise, qui souhaite ouvrir le dialogue à l’échelle nationale et internationale, est avant tout de donner des balises éthiques à cette technologie et d’orienter la révolution du numérique pour qu’elle bénéficie à tous. Ses initiateurs prônent un développement inclusif, équitable et écologiquement soutenable de l’IA.

Notons aussi que la France et le Canada ont adopté en 2018 une déclaration commune ayant pour but de promouvoir une vision de l’IA qui, bien qu’elle n’exclus pas l’innovation et la croissance économique, est centrée sur l’humain (respect des droits de la personne, inclusion et diversité).

Vers un instrument normatif mondial de l’IA. À la fin de 2019, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a reçu le mandat de travailler sur l’éthique de l’IA. Une décision prise à l’unanimité par les 193 pays membres de l’ONU… situation rarissime soulignons-le. À l’issue des 18 mois de travail prévus, les experts internationaux mandatés doivent présenter un instrument normatif mondial pour encadrer l’IA — qui ne fasse pas pour autant obstacle aux forces novatrices du secteur.

Parmi les enjeux sous la loupe, relevons ceux qui concernent la diffusion des savoirs et des technologies, de même que ceux qui touchent à la diversité culturelle ou de genre. Il faut toutefois savoir qu’aucune sanction ne s’applique en général avec ce genre de norme internationale et que le nombre d’organismes pouvant veiller à son respect est limité. Cette initiative permettra néanmoins aux États d’avoir cette nécessaire discussion et de commencer à trouver des terrains d’entente sur la question.

Pour une certification ISO. Créée en 1947, l’Organisation internationale de normalisation (ISO) est le plus grand organisme de normalisation au monde. Sa mission est de produire des normes internationales en matière de qualité, de sécurité et d’efficacité dans les domaines industriels et commerciaux, appelées normes ISO. Plus de 23 000 normes ISO ont été publiées à ce jour.

Un comité d’experts instauré en 2017 travaille à la normalisation dans le domaine de l’IA. En plus de viser à définir un vocabulaire commun et à faciliter le commerce international, cette normalisation doit mettre en place des bases éthiques à respecter quant à l’essor et à l’utilisation des systèmes d’IA. Ce groupe se penche entre autres sur les moyens pour voir à ce que cette technologie soit digne de confiance de même que pour de réduire les biais, les risques pour la vie privée et le mauvais usage de données qui peuvent y être associés.

Lien pertinent :

Liste des initiatives et normes internationales en matière d’intelligence artificielle – Liste des initiatives et normes internationales concernant l’intelligence artificielle établies par la coopération Franco-Canadienne, le G7, l’OCDE, le Sommet Tech For Good, l’UIT, l’UNESCO et l’Université de Montréal.

Catherine Meilleur

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Catherine Meilleur

Creative Content Writer @KnowledgeOne. Questioner of questions. Hyperflexible stubborn. Contemplative yogi.

Catherine Meilleur possède plus de 15 ans d’expérience en recherche et en rédaction. Ayant travaillé comme journaliste, vulgarisatrice scientifique et conceptrice pédagogique, elle s’intéresse à tout ce qui touche l’apprentissage : de la psychopédagogie aux neurosciences, en passant par les dernières innovations qui peuvent servir les apprenants, telles que la réalité virtuelle et augmentée. Elle se passionne aussi pour les questions liées à l’avenir de l’éducation à l’heure où se pointe une véritable révolution, propulsée par le numérique et l’intelligence artificielle.