Les technopédagogues utilisent des scénarios à embranchements pour offrir aux apprenants une expérience narrative immersive qui incarne les concepts d’apprentissage et leur permet de prendre des décisions importantes sur la façon dont le parcours d’apprentissage se déroule. Cette méthode présente des atouts notables par rapport aux méthodes d’apprentissage plus traditionnelles et dites « passives », notamment de favoriser l’engagement de l’apprenant, une meilleure rétention, un retour d’information immédiat et personnalisé, ainsi qu’une expérience d’apprentissage plus réaliste et significative.

Qu’est-ce qu’un scénario à embranchements interactif?

Pour comprendre comment un scénario à embranchements interactif peut offrir tous ces avantages dans le cadre d’un processus d’apprentissage actif, nous devons d’abord comprendre exactement ce qu’est un scénario à embranchements. Il ressemble en fait à un livre d’aventures à choisir soi-même que ceux d’entre nous qui ont un certain âge ont connu dans leur enfance. Je ne dis pas que seuls les enfants des années 1990 savent de quoi il s’agit, mais les membres de cette génération se souviennent certainement du frisson que procure le fait de tourner la page 57 pour découvrir le sort qui leur est réservé.

Ce qui rend interactif un scénario à embranchements, c’est le fait que l’apprenant exerce une influence active sur le déroulement de l’histoire; le récit peut ainsi prendre des directions très différentes en fonction de l’intervention de l’utilisateur, que ce soit en choisissant une page à tourner ou en cliquant sur un bouton d’options à l’écran.

Le type de scénario à embranchements que nous voyons aujourd’hui est un peu plus haute technologie que les versions encre sur papier avec lesquelles nous avons grandi, et cela peut nous offrir la possibilité de créer des parcours encore plus complexes que ces reliques d’antan. Et plutôt que de traverser des donjons à la recherche d’un butin et de monstres à tuer ou d’affronter des superordinateurs extraterrestres à la tête de hordes d’extraterrestres, les histoires créées par les technopédagogues ont tendance à couvrir des sujets moins fantastiques, comme conseiller un propriétaire de petite entreprise en matière de stratégies informatiques ou débattre de la légitimité de la démocratie avec un camarade de classe qui n’a pas la même opinion que soi.

Des choix significatifs

Le mécanisme clé d’un scénario à embranchements est la prise de décision; les apprenants sont confrontés à des choix difficiles qu’ils doivent faire pour progresser dans l’interaction d’apprentissage. Ces choix incarnent les concepts clés du cours d’une manière qui incite les apprenants à s’engager activement et les oblige à faire appel à leur jugement, leur esprit critique, leurs compétences en matière de résolution de problèmes et leur base de connaissances pour faire avancer l’histoire. Intégrer ces choix dans un scénario réaliste rend le matériel d’apprentissage plus vivant, alors que l’apprenant se sent davantage interpelé si les décisions difficiles qu’il doit prendre évoquent un contexte qu’il pourrait vivre dans sa propre vie ou dans sa carrière.

Engagement de l’apprenant

Les interactions d’apprentissage qui recourent à des embranchements basés sur des décisions sont à la fois amusantes et engageantes parce qu’elles obligent l’apprenant à faire des choix difficiles et que les conséquences de ces choix peuvent conduire l’histoire dans des directions imprévisibles. Cela est particulièrement vrai dans les cas où le scénario est présenté aux étudiants en guise d’introduction avant que les concepts n’aient été présentés dans le cours. Plus important encore, les scénarios à embranchements permettent aux apprenants de contrôler leur apprentissage. Ils choisissent non seulement l’embranchement qu’ils souhaitent emprunter, mais ce faisant, ils choisissent aussi de rejeter certains chemins ou, au contraire, de tous les emprunter. Le fait même qu’un scénario comporte de nombreuses branches peut piquer la curiosité de l’apprenant; la volonté d’en savoir plus peut pousser certains apprenants à vouloir explorer tous les chemins, et donc les amener à répéter l’expérience plusieurs fois, ce qui peut favoriser le renforcement de leur apprentissage. Il s’agit d’une manière d’apprendre beaucoup plus passionnante et engageante que l’ingestion « passive » d’information que l’on retrouve souvent dans la pédagogie traditionnelle et dans certaines formes d’apprentissage en ligne.

Meilleure rétention

Le fait de participer activement au déroulement de l’histoire permet aux apprenants de mieux retenir le matériel de cours qui a été intégré à l’expérience. En faisant des choix basés sur des concepts enseignés à travers des scénarios réalistes, les apprenants ont l’impression d’avoir vécu cette expérience eux-mêmes, et la leçon qu’ils ont apprise entre dans leur mémoire à long terme. De cette manière, nous sommes en mesure de simuler l’apprentissage par l’expérience avec l’avantage supplémentaire que les apprenants peuvent explorer des choix qui pourraient avoir des conséquences indésirables, voire dommageables, s’ils étaient testés dans la vie réelle.

Retour d’information immédiat

Les choix que nous proposons aux apprenants les encouragent à accéder à leur base de connaissances et à déployer leurs compétences existantes afin de trouver la meilleure voie. S’ils se trompent, ce n’est pas grave. Les scénarios interactifs à embranchements fournissent un environnement sans risques dans lequel les apprenants peuvent expérimenter sans subir les répercussions de leurs erreurs dans le monde réel. De plus, nous pouvons programmer un retour d’information immédiat et personnalisé qui leur indique en termes précis dans quelle mesure le choix qu’ils viennent de faire était bon ou non. De cette manière, le retour d’information immédiat leur permet d’apprendre autant de leurs erreurs que de leurs bons choix.

Goulets d’étranglement

Avec toutes les avenues qu’offrent une telle approche, il est possible que les apprenants qui décident de ne pas rejouer les scénarios à embranchements passent à côté d’une partie de l’apprentissage offert. Pour éviter cela, nous pouvons intégrer des goulets d’étranglement dans le scénario, soit d’événements qui se produiront peu importe les décisions de l’apprenant. Les goulets d’étranglement peuvent être utilisés pour contrôler la complexité des embranchements et éviter que les chemins potentiels ne deviennent trop enchevêtrés. Si les histoires complexes et tortueuses peuvent être souhaitables pour les aventures de type « fouille de donjon », elles sont moins nécessaires pour les conversations interactives et les analyses de rentabilité que nous préparons. Plus important encore pour les technopédagogues, les goulets d’étranglement peuvent garantir que les concepts essentiels incarnés dans ces événements seront vécus par tous les apprenants, qu’ils choisissent de vivre l’expérience une seule fois ou plusieurs fois.

Des issues multiples qui récompensent ou « punissent »

Dans ces scénarios, les apprenants sont invités à prendre des décisions qui leur ouvrent différentes voies. En tant que concepteurs de scénarios à embranchements, nous pouvons emprunter une technique propre aux jeux vidéo narratifs dans lesquels suivre ces chemins peut mener à des fins très différentes, modelées par la tendance générale des différents choix de parcours. De cette manière, l’apprenant peut récolter les conséquences de ses actions en recevant soit une récompense sous la forme d’un résultat positif édifiant pour son personnage, soit une punition sous la forme d’une fin « négative » ou « décevante » de son expérience. Il est important de noter que la « punition » n’a pas pour but de décourager l’apprenant. Au contraire, le fait que de telles expériences puissent être répétées devrait l’encourager à réessayer autant de fois que nécessaire jusqu’à ce qu’il trouve le chemin parfait et reçoive cette douce et alléchante « récompense » sous la forme d’une « fin heureuse ».

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Comme nous l’avons vu, les scénarios à embranchements offrent aux technopédagogues une méthode inspirante et polyvalente pour transmettre des concepts d’apprentissage d’une manière qui permet aux apprenants de s’engager dans le matériel et de prendre le contrôle de leur propre apprentissage. En tirant parti des techniques de narration non linéaire et en les associant à la ludification, nous pouvons créer des interactions d’apprentissage attrayantes qui incarnent les concepts du cours de manière réaliste et montrent de façon efficace aux apprenants les conséquences de leurs décisions.

Auteur:
Liam Byrne

Concepteur d’expérience d’apprentissage