Nos échanges avec les autres jouent un rôle fondamental dans notre capacité d’apprendre, comme être humain d’abord, mais aussi comme apprenant. On a tous en tête un enseignant ou des camarades de classe ou qui ont marqué notre parcours scolaire. Difficile donc d’espérer faire des apprentissages de qualité en étant privé de cette dimension fondamentale. Or, en formation en ligne, l’apprenant chemine le plus souvent seul devant son écran… Impossible de voir dans un tel contexte éclore une quelconque dimension sociale? Au contraire! Voici 10 points-clés pour vous éclairer.

Seuls ensemble. Puisque toute tâche, même réalisée individuellement, se situe aussi dans un contexte social qui contribue à lui donner du sens et de la valeur, la formation « individuelle » comporte bel et bien une dimension sociale! D’abord, parce que l’apprenant échange avec l’enseignant (ou le formateur), dont la présence et le rôle sont primordiaux (Dixson, 2010). Ensuite, parce que les apprenants échangent aussi entre eux, et que ces interactions les aident à apprendre, en plus de nourrir un sentiment d’appartenance qui favorise l’engagement.

Pour une « architecture de l’engagement ». Les dispositifs de formation en ligne doivent être conçus pour valoriser la « dimension-personne » et soutenir la construction sociale de l’engagement. Pour mettre en place une « architecture de l’engagement », il faut privilégier un apprentissage actif, morceler la formation en modules, et accorder un soin particulier à la présentation du plan de cours et de l’orientation de la formation. Il est aussi essentiel d’intégrer plusieurs plateformes de communication auxquelles les apprenants auront accès.

Notons que bien que l’apprentissage actif soit à privilégier, notamment parce qu’il favorise la présence sociale puis l’engagement, les activités dites « passives » ne sont pas pour autant à bannir en apprentissage en ligne.

Une définition de la « présence sociale » des apprenants. La présence dite « sociale » des apprenants en formation en ligne se définit, selon Ben Kehrwald (2008), qui a étudié la question, comme une « présence performative qui s’exprime à travers une activité visible pouvant consister à envoyer des messages, répondre aux autres et participer aux activités de groupes ».

À cette définition, il ajoute que cette présence se traduit aussi par la capacité des apprenants de partager davantage que de simples faits et de sentir qu’ils communiquent avec de vraies personnes dans le cyberespace (Kehrwald, 2008).

Une présence sociale de l’enseignant bien dosée. La présence sociale de l’enseignant consiste le plus souvent à « guider l’apprentissage en continu, de donner aux apprenants des rétroactions, de leur envoyer des rappels, de mettre l’accent sur les concepts qui leur posent des difficultés et de facilité activement leurs cours », comme l’expliquent Shannon A. Riggs et Kathryn E. Linder (2016).

Autrement dit, le rôle de l’enseignant est ici de répondre aux actions significatives des apprenants et de susciter leur réflexion sur l’apprentissage. À noter : si cette présence s’avère essentielle à un apprentissage en ligne efficace, elle doit cependant être déployée de façon judicieuse pour éviter tout effet contreproductif…

Participation nécessaire. La pleine participation des apprenants est nécessaire aux interactions. Elle doit être exigée, et non pas simplement encouragée. Cette participation serait toutefois payante en retour pour les apprenants, puisqu’elle serait « le » facteur le plus susceptible de les motiver en formation en ligne! Pour être plus précis, les apprenants en formation en ligne seraient particulièrement motivés par le fait d’obtenir plus de responsabilités.

Des effets positifs concrets. La présence sociale en formation en ligne entraîne plusieurs effets positifs. Outre la motivation, elle favorise le sentiment de connexion avec les pairs, la performance dans les travaux et la satisfaction des apprenants.

Dimension émotionnelle et sentiment d’affiliation. La dimension sociale en apprentissage est intimement liée à la dimension émotionnelle. Que ce soit par la collaboration ou la compétition, la présence des pairs aide à mieux apprendre et nourrit un sentiment d’appartenance qui favorise l’engagement. Ce sentiment d’affiliation peut se développer envers le groupe, mais aussi envers le projet de formation et l’établissement qui le dispense.

Investir l’« Autre ». Un peu comme on investit une tâche de manière cognitive et émotionnelle, on investit l’« Autre » ou les autres cognitivement et émotionnellement au travers différents types de regroupements sociaux.

Interactions significatives. Pour être efficaces, les interactions doivent être significatives, centrées sur les apprenants et structurées. L’interaction dite « significative » est liée à ce sentiment d’avoir un échange « réel » avec une personne « réelle ».

Des outils pour un apprentissage actif. Le forum de discussion serait l’un des outils d’apprentissage actif les plus prometteurs pour la formation en ligne asynchrone. Son usage doit toutefois être revu, notamment pour offrir aux apprenants un espace qui valorise la conversation comme un tout — et non pour les interventions de chaque apprenant prises individuellement.

Les apprenants doivent être invités à publier des contenus de types autres que textuels (visuels, vidéos, audios, etc.). La formation en ligne doit explorer davantage les multiples outils interactifs disponibles à l’extérieur des environnements numériques d’apprentissage (ENA ou LMS en anglais), et proposer des activités qui sortent des sentiers battus.

Catherine Meilleur

Auteure:
Catherine Meilleur

Rédactrice de contenu créatif @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative.