Nous aurions tous nos théories personnelles sur l’apprentissage et nos préférences pour une façon d’apprendre plutôt qu’une autre. C’est ce qu’avance Richard Elmore, professeur à Harvard, qui décline cette conception en quatre principaux modes d’apprentissage organisés autour de deux axes centrés sur l’individu ou le collectif et hiérarchique ou libre. Ce cadre théorique, qu’il présente depuis plusieurs années dans le MOOC Leaders of Learning, vise à aider les individus et les organisations à identifier dans lequel des quadrants ils se situent et vers quelle conception ils souhaitent évoluer. Voyons de plus près en quoi il consiste.

Les 4 modes

design de 4 modes d'apprentissage

Hiérarchique individuel

Dans ce quadrant, l’apprentissage est axé sur les réalisations et les performances individuelles. Correspondant à l’enseignement « traditionnel », c’est ici l’enseignant qui transmet les connaissances à l’apprenant à l’intérieur d’un système compétitif dont les paramètres de réussite sont clairement définis et la progression de l’apprenant évaluée. La structure d’acquisition des savoirs est chronologique : en commençant par des notions de base on progresse vers des notions plus avancées et le niveau de complexité augmente avec la tranche d’âge. Chaque apprenant est responsable de ses performances.

Collectif hiérarchique

L’apprentissage dans ce quadrant équivaut en certains points à celui du « hiérarchique individuel », mais est axé sur l’activité collective. L’esprit de compétition du modèle individuel fait toutefois ici place à l’esprit de groupe et d’entraide, le développement sociocognitif étant le principal objectif d’apprentissage. La structure d’acquisition des apprentissages est chronologique. Les paramètres de réussite sont clairement définis et la progression de l’apprenant évaluée.

Individuel décentralisé

Dans ce quadrant c’est l’apprenant qui entreprend de lui-même une démarche d’apprentissage, choisit ses objets d’étude, détermine ses sources et ses moyens, et fixe ses buts. L’ensemble des choix sont donc ici personnels à l’individu que l’on considère comme étant apprenant « par nature » – son initiative reposant du moins sur ses aptitudes personnelles à apprendre. En général, aucun enseignant n’intervient dans cette démarche individuelle, qui s’avère par ailleurs bien servie par les outils du numérique – l’Internet et le Web 2.0 notamment – et de la formation en ligne.

Collectif décentralisé

Dans ce quadrant, l’apprentissage s’appuie sur des réseaux auto-organisés d’individus qui partagent des intérêts communs. Il sous-tend l’idée que chacun est apte à apprendre à l’extérieur des cadres hiérarchiques. Tour à tour, les membres de ces réseaux acquièrent et transmettent des savoirs en fonction de leur degré de connaissances et d’expertise respectif. La réussite de ce mode d’apprentissage s’appuie notamment sur les priorités communes ainsi que le respect et la coopération entre les membres de la communauté.

Ce qu’il faut savoir

  • La plupart d’entre nous avons expérimenté les quatre modes d’apprentissage au cours de notre vie. Notre aptitude ou notre préférence pour l’un d’eux peut dépendre de nos dispositions personnelles, de l’accessibilité ou de l’organisation de ces modes d’apprentissage ou encore du type d’apprentissage en jeu – par ex. : assimiler une formule mathématique ne se fait pas selon le même mode d’apprentissage qu’apprendre à devenir un bon joueur dans un sport d’équipe.
  • Si nous aurions tendance à privilégier l’une ou l’autre de ces quatre conceptions de l’apprentissage, cela ne signifie pas que nous ne pourrions pas en préférer une autre après l’avoir davantage explorée ou du moins nous rapprocher des frontières d’un autre quadrant.
  • L’idéal est d’être exposé à un mélange des quatre modes d’apprentissage pour être plus polyvalent comme apprenant et pour pouvoir choisir, selon les circonstances, celui qui nous convient le mieux. Dans la même veine, pour améliorer ses capacités d’apprentissage tout apprenant a intérêt à développer son autonomie et ses compétences métacognitives (voir Métacognition 101 et Développez vos compétences métacognitives).
  • La formation en ligne est toute indiquée, non seulement pour optimiser l’apprentissage individuel, mais aussi pour tirer profit des réseaux d’apprentissage social. Elle permet également d’intégrer une forme d’autorité hiérarchique comme c’est le cas pour les formations dispensées par des institutions d’enseignement qui aboutissent à une certification.
  • Parmi les facteurs qui sont en train de refaçonner l’apprentissage, le numérique est incontournable. En résumé : il permet d’accéder à une quantité de contenu (de savoir) illimitée; il favorise la création de réseaux et le partage de connaissances entre des groupes de personnes ayant des intérêts communs; et il aide à entrer en contact avec des gens susceptibles de nous aider dans notre cheminement, que ce soit pour leur expertise en pédagogie ou dans le domaine qui nous intéresse. L’apprentissage devenant ainsi accessible en tout temps, en tout lieu et à l’extérieur des organisations formelles conçues à cette fin, celui-ci tend à se déplacer de l’axe hiérarchique à l’axe distribué, et de l’axe individuel à l’axe collectif.
Catherine Meilleur

Auteure:
Catherine Meilleur

Rédactrice de contenu créatif @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative.

Catherine Meilleur possède plus de 15 ans d’expérience en recherche et en rédaction. Ayant travaillé comme journaliste, vulgarisatrice scientifique et conceptrice pédagogique, elle s’intéresse à tout ce qui touche l’apprentissage : de la psychopédagogie aux neurosciences, en passant par les dernières innovations qui peuvent servir les apprenants, telles que la réalité virtuelle et augmentée. Elle se passionne aussi pour les questions liées à l’avenir de l’éducation à l’heure où se pointe une véritable révolution, propulsée par le numérique et l’intelligence artificielle.