Parmi les concepts les plus intéressants qui abordent la notion de l’autonomie dans l’apprentissage, on retrouve l’apprentissage autorégulé. Il s’agit d’un concept foisonnant qui s’intéresse au processus dynamique par lequel l’apprenant, guidé par des buts, planifie, observe et évalue ses apprentissages. Alors que nous vous avons présenté dans un précédent article les principales clés pour saisir ce concept et son champ d’étude, voici trois conseils tirés de la revue de littérature du professeur Laurent Cosnefroy, pour passer de la théorie à la pratique!

Renforcer son sentiment d’efficacité personnelle. Cultiver un sentiment d’efficacité personnelle élevé dans la tâche à accomplir est essentiel à un apprentissage autorégulé. Issu de la théorie sociocognitive de Bandura, ce sentiment est un jugement sur sa propre capacité à réaliser une tâche avec un certain niveau de performance. Dit plus simplement : si vous n’êtes pas convaincu d’avoir ce qu’il faut pour atteindre un but, il y a peu de chances que vous y parveniez. Le sentiment d’efficacité personnelle est un sentiment spécifique (à une tâche, une matière, une activité, un domaine d’activités) sur lequel il est, dans la plupart des cas, possible d’intervenir. Plusieurs facteurs ont été identifiés comme ayant un impact (positif ou négatif) sur lui, le plus important étant l’expérience de succès ou d’échecs vécue (voir L’apprenant et le sentiment d’efficacité personnelle).

Monitorer son auto-observation. Dans l’apprentissage autorégulé, c’est la métacognition qui orchestre de façon dynamique les autres composantes fondamentales de l’apprentissage que sont la cognition, la motivation et la volition. La métacognition est un processus de réflexion sur notre façon de penser et d’apprendre qui comprend trois composantes dont les stratégies métacognitives. Celles-ci impliquent en premier lieu un « monitoring » (suivi) métacognitif, soit un processus d’auto-observation qui consiste à surveiller et à évaluer nos stratégies cognitives pour voir si elles sont en voie de nous permettre d’atteindre notre but; en second lieu, un contrôle métacognitif, qui consiste à passer à l’action en fonction des observations faites, en modifiant au besoin ses stratégies. Pour aiguiser ses capacités à s’auto-observer et mieux identifier des habitudes contre-productives, l’apprenant a intérêt à prendre des notes sur les facteurs susceptibles d’affecter son efficacité et sur lesquels il peut intervenir (le lieu d’étude, le moment de la journée, le temps investi, etc.).

Respecter les deux temps de l’autorégulation. Avant de pouvoir s’interroger sur la pertinence de ses actions dans une activité, l’apprenant doit posséder un certain savoir-faire dans celle-ci. Il doit être en mesure de progresser dans cet apprentissage d’une manière relativement efficace et sans trop d’anxiété, sans quoi il se retrouvera dans une double-tâche (d’apprentissage et d’auto-observation) vouée à l’échec par manque de ressources attentionnelles. Un débutant a donc tout intérêt à être guidé par un enseignant ou un expert dans l’activité dont il souhaite acquérir la maîtrise pour s’assurer dans un premier temps qu’il possède le savoir-faire de base nécessaire pour passer en mode d’auto-observation et d’auto-évaluation. Advenant une faible performance, l’apprenant doit mettre son énergie à évaluer la façon dont il a mené son activité plutôt que de s’attarder à son résultat décevant. Autrement, il risque d’altérer son sentiment d’efficacité personnelle, sa motivation et son niveau d’effort pour la suite de son apprentissage.

Catherine Meilleur

Auteure:
Catherine Meilleur

Stratège en communication et Rédactrice en chef @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative.

Catherine Meilleur possède plus de 15 ans d’expérience en recherche et en rédaction. Ayant travaillé comme journaliste, vulgarisatrice scientifique et conceptrice pédagogique, elle s’intéresse à tout ce qui touche l’apprentissage : de la psychopédagogie aux neurosciences, en passant par les dernières innovations qui peuvent servir les apprenants, telles que la réalité virtuelle et augmentée. Elle se passionne aussi pour les questions liées à l’avenir de l’éducation à l’heure où se pointe une véritable révolution, propulsée par le numérique et l’intelligence artificielle.