Afin de respecter le principe éthique « jamais une première fois sur le patient », la simulation sous diverses formes fait partie intégrante depuis plusieurs décennies de la formation des professionnels de la santé en Amérique du Nord. La réalité virtuelle apparaît comme la technologie de l’avenir par excellence pour assurer l’acquisition d’un large éventail d’apprentissages pratiques et expérientiels nécessaires à la formation initiale et continue de ces professionnels. Voici cinq points qui vous éclaireront sur le potentiel de la VR pour la formation médicale.

  1. Une puissante technologie de simulation

La réalité virtuelle est cette fascinante technologie qui permet à l’utilisateur de s’immerger dans un monde de synthèse dynamique et adaptatif en 3D à 360 degrés dans lequel il peut se déplacer et interagir en bénéficiant d’un retour tactile et sensoriel; tout cela en étant simplement muni d’un visiocasque et de gants haptiques ou de manettes. La VR permet de créer des univers réalistes ou non, et d’y intégrer des scénarios sur mesure. C’est grâce à l’intelligence artificielle que la VR peut avoir cet aspect adaptatif et prédictif, plus personnalisé et plus vivant. Le premier ressort est l’immersion et le second, la présence (terme raccourci de « téléprésence »). Cette dernière peut se définir comme la sensation d’être présent physiquement dans l’environnement virtuel, de percevoir celui-ci comme réel et d’oublier la technologie qui lui donne vie et le monde réel sous-jacent. La présence favorise l’immersion. De toutes les technologies de simulation médicale à haute-fidélité, c’est de loin la plus puissante pour convaincre le cerveau de l’utilisateur qu’il se trouve bel et bien dans un univers en soi, et pour générer des sensations et des émotions d’une intensité de celles ressenties en contexte réel.

  1. Des formations aux possibilités augmentées

À des fins de formation, la VR offre la possibilité de recréer une grande variété d’environnements professionnels et de tâches auxquelles les apprenants peuvent s’exercer en toute sécurité et à l’abri du jugement d’autrui jusqu’à leur parfaite maîtrise. Elle est idéale pour s’entraîner à développer des compétences exigées dans des milieux complexes à reproduire, éloignés ou qui comportent un certain degré de dangerosité. Grâce à sa fonction multijoueurs, la VR ouvre la porte à l’apprentissage par les pairs et au travail d’équipe, alors que plusieurs utilisateurs peuvent se réunir dans un même univers virtuel, y interagir entre eux et avec l’environnement. Avec cette fonctionnalité qui abolit les frontières, un apprenant peut être supervisé par une sommité qui se trouve n’importe où ailleurs sur la planète, ou encore se joindre au groupe d’une université éloignée pour se perfectionner dans une nouvelle approche. Cette technologie répond aussi aux besoins de flexibilité et d’autonomie des apprenants d’aujourd’hui, en leur donnant accès à un apprentissage à distance hypersophistiqué qui ne requière que peu de temps d’installation et d’espace de pratique.

  1. De précieux atouts pour la formation médicale

L’intégration de la VR en formation médicale n’a pas pour but de remplacer la partie d’enseignement théorique donné en classe, ni de prendre la place de l’enseignant expert lorsque sa supervision est souhaitable. En ce qui concerne le volet de simulation, certains objectifs pédagogiques sont mieux servis en contexte réel et d’autres ne requièrent pas d’immersion dans une mise en situation complexe. Cela dit, de manière générale, alors l’apprentissage pratique tend à remplacer le par cœur (lorsque cela est possible), l’enseignement de certaines notions gagnerait à être transféré en réalité virtuelle. C’est le cas, par exemple, des leçons d’anatomie, que cette technologie peut présenter d’une manière beaucoup plus précise, globalisante et attrayante que ne peuvent le faire les supports plus conventionnels. Ainsi, plutôt que de devoir apprendre en observant une image en deux dimensions, la VR permet à l’apprenant d’explorer à sa guise les différentes parties du corps humain en 3D et de voir les processus métaboliques en action. Précisons que ce sont des programmes informatiques très performants qui permettent d’obtenir des images en 3D précises en fusionnant les résultats d’images en deux dimensions d’appareils à IRM, d’échographies et de tomodensitogrammes. Il est même possible de recréer en VR le « jumeau numérique » d’un patient, à partir de ses résultats d’imagerie et de ses données cliniques. La réalité virtuelle est tout indiquée pour apprendre à maîtriser des gestes techniques comme certaines procédures chirurgicales ainsi que pour apprendre à manipuler divers outils et dispositifs médicaux. Elle est donc aussi fort utile pour permettre aux praticiens de se familiariser avec de nouveaux équipements ou d’intégrer de nouvelles techniques de soin.

  1. Un outil de pratique, de personnalisation de la formation, d’évaluation et plus

Parmi les grandes forces de la réalité virtuelle pour la formation médicale, il y a le fait qu’elle offre des conditions optimales pour maximiser la compétence des praticiens, sans mettre en jeu la sécurité de patients. Cette technologie représente en ce sens un terrain de jeu idéal : elle permet non seulement à l’apprenant de se tromper et de s’exercer tant et aussi longtemps que nécessaire pour maîtriser une compétence et développer de bons réflexes, mais elle le corrige aussi en profondeur en temps réel. Grâce aux neurosciences, on sait désormais que cette rétroaction immédiate, ce retour sur l’erreur, est une étape cruciale pour un apprentissage efficace. De plus, la VR a l’avantage de récolter des données sur les comportements et les performances des utilisateurs, ce qui permet d’ajuster et de personnaliser les formations avec une grande précision. Point important à souligner : cette fonction est également pertinente pour évaluer les compétences d’un futur praticien ou pour revalider celles d’un praticien. La VR peut donc aussi servir dans les processus de certification, de recertification et d’embauche.

  1. Une utilité au-delà des compétences techniques

La réalité virtuelle se prête également au développement de compétences non techniques, qui sont aussi primordiales dans les interventions diagnostiques et thérapeutiques. À cette fin, il est possible de recréer différents environnements de soins ainsi qu’un éventail de situations dans lesquels les professionnels de la santé sont appelés à intervenir. On peut, par exemple, recréer une salle de soins virtuelle dans laquelle l’apprenant devra interagir avec plusieurs avatars — patients, collègues, famille des patients — dans des scénarios où l’activité et le rythme typiques d’un hôpital sont aussi reproduits. Ce genre d’exercice vise à aiguiser le raisonnement clinique de l’apprenant, de même que ses compétences relationnelles, ses aptitudes en communication, sa pensée critique et sa capacité à prendre des décisions, tout en lui permettant de mieux gérer son stress et d’augmenter sa confiance en soi dans de tels contextes. Une telle formation permet donc à l’apprenant de s’exercer dans toutes les étapes de sa future pratique : il peut questionner son patient sur sa situation, l’évaluer, poser un diagnostic puis le traiter. Enfin, soulignons qu’en permettant aussi à l’apprenant d’endosser le rôle d’un autre avatar — celui d’un patient, d’un membre de la famille de ce dernier ou d’un collègue —, la VR peut l’aider à développer plus d’empathie vis-à-vis de ceux qu’il côtoie dans son milieu professionnel, donc d’avoir une meilleure compréhension des enjeux qu’ils vivent. Il faut savoir que l’empathie est de plus en plus considérée en médecine comme une compétence de communication qui devrait être au cœur de la relation patient-médecin.

Notre article détaillé à ce sujet : Le fascinant potentiel de la VR pour la formation médicale

Catherine Meilleur

Auteure:
Catherine Meilleur

Stratège en communication et Rédactrice en chef @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative

Catherine Meilleur possède plus de 15 ans d’expérience en recherche et en rédaction. Ayant travaillé comme journaliste, vulgarisatrice scientifique et conceptrice pédagogique, elle s’intéresse à tout ce qui touche l’apprentissage : de la psychopédagogie aux neurosciences, en passant par les dernières innovations qui peuvent servir les apprenants, telles que la réalité virtuelle et augmentée. Elle se passionne aussi pour les questions liées à l’avenir de l’éducation à l’heure où se pointe une véritable révolution, propulsée par le numérique et l’intelligence artificielle.