Parmi les facteurs qui ont une incidence sur la réussite d’un apprentissage, on compte bien entendu les techniques d’étude. Diverses techniques sont couramment utilisées des apprenants : du surlignage à la relecture en passant par les mots clés mnémotechnique. Or, en ce qui concerne leur efficacité — et c’est ce qui importe! —, toutes les techniques sont loin de se valoir. C’est ce qu’a pu en conclure un groupe de chercheurs, après avoir recensé les résultats de recherches menées sur dix techniques d’étude. Voici leurs conclusions!

Les choix des dix techniques

Deux grands critères ont guidé le choix des chercheurs vers dix techniques en particulier : le fait qu’elles sont relativement faciles à utiliser et qu’elles peuvent donc convenir à une majorité d’étudiants, ou encore, pour certaines techniques, le fait qu’elles sont considérées par les étudiants comme étant très fiables.

Pour formuler des recommandations quant à l’utilité relative de ces techniques, les chercheurs ont évalué si leurs avantages se généralisent à travers les quatre catégories de variables suivantes : les conditions d’apprentissage, les caractéristiques des étudiants, les matériaux et les tâches de critère.

Les dix techniques d’étude et leur efficacité relative

  1. L’interrogation élaborée

Générer une explication de la raison pour laquelle un fait ou un concept explicitement énoncé est vrai.

Efficacité : modérée

  1. L’auto-explication

Explication de la manière dont une nouvelle information est liée à une information connue, ou explication des étapes suivies lors de la résolution d’un problème.

Efficacité : modérée

  1. Les résumés

Rédiger des résumés (de longueur variable) de textes à apprendre.

Efficacité : faible

  1. Le surlignage/soulignage

Marquer les parties potentiellement importantes des textes à apprendre pendant la lecture.

Efficacité : faible

  1. Les mots clés mnémotechniques

Recourir à des mots clés et des images mentales pour associer des matériaux verbaux.

Efficacité : faible

  1. L’imagerie du texte

Tenter de former des images mentales des matériaux du texte pendant la lecture ou l’écoute.

Efficacité : faible

  1. La relecture

Réétudier un texte après une première lecture.

Efficacité : faible

  1. Le test de pratique

Autocontrôle ou test de pratique sur le matériel à apprendre.

Efficacité : élevée

  1. La pratique répartie

Mise en place d’un programme de pratique qui répartit les activités d’étude dans le temps.

Efficacité : élevée

  1. La pratique intercalée

Mise en œuvre d’un programme de pratique qui mélange différents types de problèmes, ou d’un programme d’étude qui mélange différents types de matériel, au cours d’une seule session d’étude.

Efficacité : modérée

Autre constat : les techniques « actives » plus efficaces que les « passives »

Il est intéressant de constater que les techniques d’étude qui sont ressorties ici comme étant les plus efficaces sont plutôt actives. On insiste de plus en plus depuis quelques années sur la supériorité pour l’apprentissage des approches pédagogiques « actives » sur celles qui sont dites « passives ». Ceci est notamment attribuable à l’éclairage apporté par les neurosciences sur le processus d’apprentissage. Dans le cerveau, un apprentissage se traduit par des modifications consécutives à de nouvelles connexions neuronales ou encore par le fait que des connexions existantes se renforcent, s’affaiblissent ou se défont. Cette incroyable faculté qu’a le cerveau de changer — à tout âge! – se nomme « plasticité cérébrale ». Activer les neurones qui sont en lien avec l’apprentissage souhaité est impératif pour que l’apprentissage en question se concrétise, et ce sont des approches pédagogiques « actives » qui sont les plus efficaces en ce sens. Une telle approche demande de l’apprenant qu’il produise une réponse, une explication ou encore une démarche dans le but de résoudre un problème, alors que dans une approche passive, l’apprenant se limite à écouter ou à lire.

Il est important de noter que le surlignage, la relecture et l’utilisation de mots clés mnémotechnique font partie des techniques les plus utilisées par les apprenants, alors que leur efficacité pour l’apprentissage s’est révélée faible dans l’étude qui nous occupe ici. Cela dit, les approches plutôt passives ne sont pas forcément à exclure, puisqu’elles comportent aussi certains avantages. La pérennité du cours magistral en étant un bon exemple, ce dernier ayant notamment comme atouts de permettre à l’apprenant de recevoir beaucoup de contenu en peu de temps ainsi que d’être guidé à travers ce contenu (explications pertinentes, liens à établir, etc.). Une stratégie gagnante consiste toutefois à s’assurer d’inclure des techniques d’étude actives!

Sources :

Dunlosky et al., Improving Students’ Learning With Effective Learning Techniques: Promising Directions From Cognitive and Educational Psychology, 2013.

Steve Masson, Éviter d’utiliser fréquemment des approches passives, chaîne Cerveau et apprentissage, 2019.

Stanislas Dehaene, L’engagement actif, la curiosité, et la correction des erreurs, Cours Collège de France, 2015.

Catherine Meilleur

Auteure:
Catherine Meilleur

Rédactrice de contenu créatif @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative

Catherine Meilleur possède plus de 15 ans d’expérience en recherche et en rédaction. Ayant travaillé comme journaliste, vulgarisatrice scientifique et conceptrice pédagogique, elle s’intéresse à tout ce qui touche l’apprentissage : de la psychopédagogie aux neurosciences, en passant par les dernières innovations qui peuvent servir les apprenants, telles que la réalité virtuelle et augmentée. Elle se passionne aussi pour les questions liées à l’avenir de l’éducation à l’heure où se pointe une véritable révolution, propulsée par le numérique et l’intelligence artificielle.