« Qui ne sait pas rire ne doit pas être pris au sérieux », a déjà dit l’écrivain et dramaturge Thomas Bernhard… une réflexion qui gagnerait à être davantage considérée en enseignement, alors que l’humour n’y a pas encore l’attention qu’il mérite. Or plusieurs études*, surtout issues du domaine de la psychologie plutôt que des sciences de l’éducation, ont permis de constater que l’humour participe à créer une ambiance favorable aux apprentissages, qu’il suscite l’attention des apprenants, en plus de stimuler leur créativité et leur motivation.

Toutefois, pour que cette forme d’esprit devienne un outil pédagogique efficace en classe comme en apprentissage en ligne quelques précautions s’imposent. Voici trois conseils pour intégrer sans faux pas l’humour à l’enseignement!

Dans une classe, en présentiel comme en ligne, l’expression humoristique peut prendre des formes diverses, qu’il s’agisse d’une disposition de communication personnelle, d’un jeu de mot, d’une anecdote, d’un texte comique, d’une mise en situation vidéo ou encore d’une image (photo, caricature, dessin de bande dessinée, etc.).

1. Rester soi-même

Nous ne sommes pas tous des humoristes nés et savoir faire rire n’est pas une compétence essentielle pour enseigner. De ce fait, si vous n’êtes pas à l’aise à manier l’humour, passez votre tour!** Cela dit, les personnes qui n’ont aucun sens de l’humour sont plutôt rares, et il y a fort à parier que vous appréciez à votre façon et à l’occasion de faire sourire vos apprenants. Le but étant d’avoir du plaisir, évitez de vous imposer une pression de « performance » et faites-vous plutôt confiance.

2. Jamais sans bienveillance

Tout acte humoristique provenant de l’enseignant devrait être bienveillant et ne jamais être dirigé à l’endroit d’un apprenant. Il a été démontré qu’en matière d’humour en classe, il faut éviter d’entrer dans le spectre de la moquerie, du sarcasme, de l’ironie ou de la joie dite maligne. Par ailleurs, il vaut mieux privilégier un humour « neutre » en évitant l’humour traitant de sujets tabous ou sensibles qui pourrait créer des situations embarrassantes ou un sentiment d’injustice en classe.

3. La juste dose

L’humour peut servir la pédagogie comme il peut, au contraire, la desservir. Malgré le peu d’études empiriques menées sur la question, on a pu dégager quelques recommandations plus précises que voici : ne faites usage de l’humour que pour souligner les concepts clés**; éviter l’excès en vous limitant à 3 ou 4 exemples humoristiques par heure**; ne recourez pas à l’humour avant ou pendant un examen, au risque de perturber les apprenants plus anxieux**; et enfin, ajustez le degré d’humour déployé en fonction de la situation.

*Foll, 2007; Garner, 2005; Guégan, 2008; Ziv, 1979; Rißland et Gruntz-Stoll, 2009.
**Constats d’Avner Ziv, professeur de psychologie de Tel-Aviv qui est l’un des premiers à avoir tenté de pallier le manque d’études empiriques sur l’efficacité pédagogique de l’humour.
Catherine Meilleur

Auteure:
Catherine Meilleur

Rédactrice de contenu créatif @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative.

Catherine Meilleur possède plus de 15 ans d’expérience en recherche et en rédaction. Ayant travaillé comme journaliste, vulgarisatrice scientifique et conceptrice pédagogique, elle s’intéresse à tout ce qui touche l’apprentissage : de la psychopédagogie aux neurosciences, en passant par les dernières innovations qui peuvent servir les apprenants, telles que la réalité virtuelle et augmentée. Elle se passionne aussi pour les questions liées à l’avenir de l’éducation à l’heure où se pointe une véritable révolution, propulsée par le numérique et l’intelligence artificielle.