Le « modelage » consiste à apprendre en observant, non pas simplement pour imiter son modèle, mais pour le dépasser en interprétant et utilisant de manière personnelle les comportements observés. Aussi appelé « expérience vicariante », ce processus est à la base du développement et des conduites humaines selon le psychologue Albert Bandura qui l’a mis en lumière. Ce serait depuis la nuit des temps l’un des moyens les plus efficaces par lesquels se transmettent nos compétences et nos savoirs les plus sophistiqués, qu’ils soient manuels, comportementaux, sociaux ou intellectuels. Voici quelques clés pour mieux le saisir.

En définition

Le modelage implique que le sujet observateur saisit les règles implicites du comportement du sujet observé ainsi que ses conséquences positives ou négatives, pour produire de nouveaux modèles de comportements qui seront semblables, mais qui les dépasseront. En ce sens, même les actes créatifs impliquent du modelage.

Modelage dit…

« social ». C’est le terme utilisé par Bandura pour parler du modelage dans le cadre de sa théorie sociocognitive, dans laquelle nous sommes en tant que sujets sociaux « à la fois » producteurs et produits de notre environnement et du fait que l’apprentissage prend sa source dans les cultures humaines. (Au cœur du sentiment d’efficacité personnelle)

« de maîtrise ». Lorsque le modelage est utilisé comme technique d’apprentissage, certains parlent de modelage de maîtrise, un terme qui met en évidence l’idée d’un objectif de maîtrise. On peut aussi recourir simplement au terme « modelage ».

« positif » et « mixte ». Lorsqu’on recourt au modelage comme technique d’apprentissage, le terme modelage positif est parfois utilisé pour parler des modèles qui reproduisent le bon comportement à apprendre; alors que le modelage mixte désigne une approche qui intègre à la fois des modèles positifs et négatifs — dans ce dernier cas, les moins bonnes façons de reproduire le comportement en jeu.

4 dimensions

  1. L’attention. Essentielle au modelage, l’attention repose d’abord sur les aptitudes perceptives de l’apprenant, sa motivation et ses attentes, mais aussi sur son état physique et émotionnel (bien-être, fatigue, réceptivité, etc.). Certaines caractéristiques visuelles du modèle ont toutefois aussi leur influence ainsi que la valeur affective, sociale ou fonctionnelle que lui accordera l’apprenant.
  2. La mémorisation. L’information à mémoriser dans le cadre d’un modelage n’est pas que visuelle, mais aussi verbale. Ces deux sources doivent être cohérentes et complémentaires. Afin d’encoder, de consolider et de pouvoir rappeler l’information à long terme, les mêmes conseils que pour un apprentissage sans modelage s’appliquent. (voir 5 facteurs qui influencent le processus de mémorisation)
  3. La reproduction. La reproduction du comportement modelé implique plusieurs processus qui reposent sur les aptitudes cognitives et physiques de l’apprenant, la disponibilité des réponses qui font partie de son registre comportemental ainsi que de la qualité de son auto-observation et des ajustements mémorisés (compétences métacognitives) lors de ses essais de reproduction.
  4. La motivation. La motivation est un moteur essentiel à chacune des étapes du modelage, qu’elle passe par un renforcement direct — provenant du modèle-formateur ou du formateur qui fait équipe avec un modèle — ou par renforcement vicariant, c’est-à-dire à travers la motivation intrinsèque du modèle; par l’automotivation de l’apprenant; ou encore par le biais d’attentes de résultats (motivation extrinsèque).
Catherine Meilleur

Auteure:
Catherine Meilleur

Rédactrice de contenu créatif @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative

Catherine Meilleur possède plus de 15 ans d’expérience en recherche et en rédaction. Ayant travaillé comme journaliste, vulgarisatrice scientifique et conceptrice pédagogique, elle s’intéresse à tout ce qui touche l’apprentissage : de la psychopédagogie aux neurosciences, en passant par les dernières innovations qui peuvent servir les apprenants, telles que la réalité virtuelle et augmentée. Elle se passionne aussi pour les questions liées à l’avenir de l’éducation à l’heure où se pointe une véritable révolution, propulsée par le numérique et l’intelligence artificielle.