Qu’est-ce que l’humour?

On a beau tous « savoir » ce qu’est l’humour, lorsqu’on s’y penche plus sérieusement, on réalise que ce phénomène est loin d’être simple. Sa mécanique, contrairement à celle du rire, serait par ailleurs difficilement démontable d’un point de vue scientifique. On peut dire de l’humour qu’elle est une forme de communication occupant une place particulière dans la vie des êtres humains. Cette faculté qui se développe tôt chez l’enfant pourrait notamment jouer un rôle dans l’acquisition d’information utile à la survie. L’humour est aussi identifié en psychologie comme un mécanisme de défense qui nous permet de répondre aux conflits émotionnels ou aux facteurs de stress. Ainsi, bien qu’il y ait des différences individuelles quant aux types d’humour que nous apprécions, et que certains soient plus doués que d’autres pour faire rire, rares sont les gens qui sont dénués de cette disposition d’esprit.

L’humour est aussi une redoutable arme de séduction, au sens large! Probablement parce qu’il mobilise certaines de nos facultés cognitives parmi les plus sophistiquées dont la conscience de soi, la maîtrise de la nuance du langage, la compréhension des émotions et du non verbal, la spontanéité et l’empathie.

Pourquoi est-il important de s’intéresser aux impacts de l’humour dans l’apprentissage?

L’humour implique les émotions et on sait désormais à quel point celles-ci peuvent avoir une incidence positive comme négative sur l’apprentissage (voir L’importance des émotions dans l’apprentissage et 4 émotions de l’apprentissage). Or, peu de chercheurs des sciences de l’éducation ont encore exploré la question de l’humour dans l’apprentissage, et en classe cet ingrédient se limite le plus souvent — pour le meilleur et pour le pire — à des actes spontanés, alors qu’il gagnerait à être utilisé (ou évité!) de façon plus consciencieuse. C’est que si l’on croit qu’un humour manié habilement pourrait être un outil pédagogique, un humour maladroit peut au contraire se révéler anti-pédagogique et causer du tort tant à l’apprenant qu’à l’enseignant.

Bien qu’il soit difficile d’évaluer l’efficacité pédagogique de l’humour tant les variables qui entrent en jeu sont nombreuses et pour la plupart impossibles à isoler, plusieurs études, provenant surtout du domaine de la psychologie, nous en donnent des indices. Elles révèlent, entre autres, que l’humour participerait à créer une ambiance favorable aux apprentissages, susciterait l’attention des apprenants, et stimulerait leur créativité et leur motivation (Foll, 2007; Garner, 2005; Guégan, 2008; Ziv, 1979; Rißland et Gruntz-Stoll, 2009). L’humour pourrait aussi aider à retenir de l’information (Ziv, 1988).

Quelles balises l’enseignant doit-il se donner pour s’assurer de faire un bon usage de l’humour?

Quelques études semblent aussi indiquer qu’un enseignant qui fait bon usage de l’humour en classe jouit d’une perception plus favorable des apprenants qu’un enseignant qui y recourt peu.  Ce dernier cas toutefois serait préférable à celui où un enseignant y fait appel de manière exagérée (Ziv, 1988; Escallier, 2009) ou négative, en utilisant notamment le sarcasme (Ziv, 1988; Kassner, 2002 : L’humour en classe), la moquerie, l’ironie ou la joie dite maligne. Puisque les apprenants seraient plus sensibles à l’humour négatif que les enseignants (Kassner, 2002 : L’humour en classe), ces derniers doivent s’assurer que s’ils recourent à humour, celui-ci soit pertinent — certains sujets et certaines situations ne s’y prêtent tout simplement pas —, dosé, bienveillant (Hain, 2000), « neutre » — en évitant les sujets sensibles tels que la religion ou la politique — et qu’il ne vise en aucun cas un apprenant en particulier.

Catherine Meilleur

Auteure:
Catherine Meilleur

Rédactrice de contenu créatif @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative.

Catherine Meilleur possède plus de 15 ans d’expérience en recherche et en rédaction. Ayant travaillé comme journaliste, vulgarisatrice scientifique et conceptrice pédagogique, elle s’intéresse à tout ce qui touche l’apprentissage : de la psychopédagogie aux neurosciences, en passant par les dernières innovations qui peuvent servir les apprenants, telles que la réalité virtuelle et augmentée. Elle se passionne aussi pour les questions liées à l’avenir de l’éducation à l’heure où se pointe une véritable révolution, propulsée par le numérique et l’intelligence artificielle.