Nous sommes des animaux grégaires, c’est bien connu, et nos interactions avec nos pairs deviennent souvent des occasions en or pour apprendre. C’est sur cet aspect de notre nature que mise l’apprentissage dit « collaboratif », une approche pédagogique que nous vous avons présentée dans un article précédent. Voici, en complément, un guide pratique pour l’intégrer de manière efficace dans une formation destinée aux adultes, que celle-ci soit offerte en face à face ou en ligne.

L’apprentissage collaboratif en résumé

Voici une définition couramment citée de l’apprentissage collaboratif qui convient à la fois au mode présentiel comme distanciel :

« L’apprentissage collaboratif est une démarche active par laquelle l’apprenant travaille à la construction de ses connaissances […]. L’apprenant s’engage à travailler avec les membres du groupe en vue de la réalisation du but commun tout en conciliant ses intérêts et ses objectifs personnels […]. Les échanges avec le groupe et la régulation d’une tâche collective lui permettent de partager ses découvertes, de négocier le sens à donner à son travail et de valider ses connaissances nouvellement construites. » (F. Henri et K. Lundgren-Cayrol, 2003)

Diverses tâches ou activités peuvent se prêter à l’apprentissage collaboratif. Il peut s’agir d’approfondir un thème, de communiquer des savoirs ou des idées, d’élaborer des représentations, etc.

L’enseignant

  • Donne aux apprenants l’objectif commun à atteindre.
  • Précise aux apprenants de quel environnement d’apprentissage et de quels outils ceux-ci disposent.
  • Explique les conditions nécessaires au bon déroulement de l’exercice et voit à ce qu’elles soient respectées.
  • Instaure le climat dans lequel doit se dérouler l’exercice et en demeure garant.
  • Reste à l’affût des besoins des apprenants et devient pour eux une personne-ressource.
  • Se fait tour à tour médiateur et facilitateur, selon les besoins des apprenants et de leur groupe.
  • Voit au maintien d’un déroulement optimal : oriente, motive, questionne les apprenants et leur suggère des pauses au besoin.
  • Invite les apprenants à donner leur appréciation sur la cohésion et la productivité de leur groupe une fois l’exercice terminé.
  • Évalue de manière formative les connaissances acquises de chaque apprenant en plus de les éclairer sur les processus d’apprentissage et les stratégies métacognitives qu’ils ont mis en œuvre (voir Métacognition 101).

Les sous-groupes

Ils sont, dans l’idéal, composés :

  • Par les apprenants.
  • De 4 à 6 membres.
  • D’apprenants aux profils diversifiés (formation, activité professionnelle, âge, genre, connaissances ou niveau de compétence dans la matière à l’étude, etc.).

Le déroulement de l’exercice

À partir de l’objectif commun donné, les apprenants doivent :

  • Chercher de nouvelles connaissances ou idées dans l’environnement d’apprentissage qui est à leur disposition en vue d’atteindre l’objectif commun donné.
  • Partager ou confronter leurs idées ou opinions individuelles avec celles des autres membres de leur groupe.
  • Tisser des liens entre les idées ou opinions émises par chaque membre du groupe pour en créer de nouvelles.
  • Structurer les idées nouvelles de sorte à en tirer un nouvel apprentissage.

Les conditions nécessaires à l’apprentissage collaboratif

Ces conditions sont essentielles au bon déroulement d’un exercice d’apprentissage collaboratif :

  • Temps de préparation suffisant. L’enseignant doit s’assurer que les groupes ont eu assez de temps pour réaliser cet exercice qui demande une certaine profondeur, une réelle implication de la part de chacun et des échanges interpersonnels significatifs.
  • Écoute mutuelle. La qualité des relations est un facteur clé de l’apprentissage collaboratif, et cela commence par l’écoute. Ainsi, les apprenants doivent se montrer particulièrement à l’écoute les uns des autres.
  • Ouverture et respect. Un climat d’ouverture et de respect doit primer afin que chacun se sente à l’aise de partager ses idées ou son point de vue et que personne ne se sente non plus forcé d’adopter les idées ou le point de vue d’un autre.
  • Temps de parole équitable. La répartition du temps alloué à la prise de parole de chacun dans le groupe doit être équitable.
Sources
Van Djijk A., Réinventez vos formations avec les neurosciences : Tout comprendre du cerveau et de l’Apprentissage des adultes, ESF sciences humaines, 2019.
Henri F. et Lundgren-Cayrol K., Apprentissage collaboratif à distance, téléconférence et télédiscussion, Rapport interne no 3 (version 1.7), Montréal : LICEF, 1997.
Henri, F. et Lundgren-Cayrol, K, Apprentissage collaboratif à distance. Sainte-Foy, Canada : Presses Universitaires du Québec, 2003.
Sénécal I. et Blondel C. (2018), « La collaboration ».
Catherine Meilleur

Auteure:
Catherine Meilleur

Rédactrice de contenu créatif @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative

Catherine Meilleur possède plus de 15 ans d’expérience en recherche et en rédaction. Ayant travaillé comme journaliste, vulgarisatrice scientifique et conceptrice pédagogique, elle s’intéresse à tout ce qui touche l’apprentissage : de la psychopédagogie aux neurosciences, en passant par les dernières innovations qui peuvent servir les apprenants, telles que la réalité virtuelle et augmentée. Elle se passionne aussi pour les questions liées à l’avenir de l’éducation à l’heure où se pointe une véritable révolution, propulsée par le numérique et l’intelligence artificielle.