Nos interactions avec nos pairs sont souvent des occasions fertiles pour apprendre, et c’est encore plus vrai lorsqu’elles se font en mode collaboratif. D’où la bonne idée d’intégrer à son éventail d’approches pédagogiques l’apprentissage dit « collaboratif », une démarche qui convient particulièrement aux apprenants adultes et qui peut, de surcroît, s’adapter à la formation en ligne. Démystifions-le en 3 questions!

En résumé, qu’est-ce que l’apprentissage collaboratif?

Voici une définition de l’apprentissage collaboratif de France Henri et Karin Lundgren-Cayrol (2003) qui peut convenir à la fois au mode présentiel comme distanciel :

« L’apprentissage collaboratif est une démarche active par laquelle l’apprenant travaille à la construction de ses connaissances […]. L’apprenant s’engage à travailler avec les membres du groupe en vue de la réalisation du but commun tout en conciliant ses intérêts et ses objectifs personnels […]. Les échanges avec le groupe et la régulation d’une tâche collective lui permettent de partager ses découvertes, de négocier le sens à donner à son travail et de valider ses connaissances nouvellement construites. »

L’enseignant ou le formateur a ici tour à tour un rôle de médiateur, de facilitateur et de personne-ressource, selon les besoins des apprenants et de leur sous-groupe (formé idéalement de quatre à six membres). Il énonce l’objectif commun à atteindre, explique les règles du bon déroulement de l’exercice et voit à ce que celles-ci soient respectées. Il oriente, motive et questionne les apprenants pour qu’ils puissent tirer le maximum de l’exercice. Il procède aussi à une évaluation — dans l’idéal formative — des apprenants tout en les éclairant sur les processus d’apprentissage et les stratégies métacognitives qu’ils ont mis en œuvre.

Enfin, diverses tâches ou activités peuvent se prêter à l’apprentissage collaboratif. Il peut s’agir d’approfondir un thème, de communiquer des savoirs ou des idées, d’élaborer des représentations, etc.

En quoi l’apprentissage collaboratif se distingue-t-il de l’apprentissage coopératif?

L’apprentissage collaboratif est souvent confondu avec l’apprentissage coopératif. Dans les deux cas, il est question d’apprendre en atteignant un objectif commun grâce à la participation de tous les membres du groupe. Leur objectif pédagogique et leurs modalités ne sont toutefois pas les mêmes. L’objectif pédagogique de l’apprentissage coopératif est de faire en sorte que chacun apprenne un contenu prévu, structuré et imposé tout en améliorant ses aptitudes de collaboration. L’apprentissage collaboratif de son côté vise à aider l’apprenant à atteindre un but commun partagé ainsi que des objectifs personnels, en plus de lui permettre d’apprendre « à sa façon »; tout cela en explorant, en découvrant ou en élaborant un contenu ou une structure.

Ainsi, la coopération mise sur la répartition des tâches et des responsabilités entre les membres du groupe, alors que dans la collaboration chaque membre est responsable de réaliser sa tâche à sa façon — tâche qui, bien qu’accomplie différemment, est sensiblement la même pour tous, contrairement aux tâches réparties dans une démarche coopérative. L’apprentissage collaboratif, plus souple et qui convient bien à des adultes, exige donc plus d’autonomie et de contrôle de la part de l’apprenant, qui prend davantage de décisions et assume plus de responsabilités.

Quel rôle le groupe joue-t-il dans l’apprentissage collaboratif?

Dans cette approche collaborative, le groupe devient pour chacun de ses membres un agent dynamique nécessaire à l’apprentissage, et c’est pourquoi la qualité des relations et des interactions y est primordiale. À la différence de l’apprentissage coopératif, dans l’apprentissage collaboratif « le groupe permet à l’individu de construire un nouvel apprentissage par la confrontation des idées », expliquent Isabelle Senécal et Claire Blondel dans leur guide sur la collaboration (Collège Saint-Anne).

Favoriser la confrontation des idées n’est toutefois pas la seule fonction du groupe, qui doit aussi représenter pour chacun de ses membres une source d’information, d’entraide et de motivation. Au moment de l’évaluation, chaque apprenant est d’ailleurs invité à faire part de ses observations et de son appréciation quant au fonctionnement de son groupe, notamment sur les plans de la cohésion et de la productivité.

Mentionnons enfin que ces échanges riches et dynamiques avec les pairs que favorise l’apprentissage collaboratif a des bienfaits collatéraux : « Par les liens sociaux qu’il implique, il favorise la construction de compétences relationnelles fortes : communication, capacité à convaincre, écoute, aptitude à se remettre en cause, questionnement, etc. », précisent Senécal et Blondel. Et ces bienfaits sont considérables, puisqu’on reconnaît plus que jamais l’importance des compétences sociales et communicationnelles dans le monde du travail d’aujourd’hui et pour celui de demain (voir Les 4 compétences phares du 21e siècle et 7 principes de l’apprentissage du 21e siècle et formation en ligne).

Sources
Van Djijk A., Réinventez vos formations avec les neurosciences : Tout comprendre du cerveau et de l’Apprentissage des adultes, ESF sciences humaines, 2019.
Henri F. et Lundgren-Cayrol K., Apprentissage collaboratif à distance, téléconférence et télédiscussion, Rapport interne no 3 (version 1.7), Montréal : LICEF, 1997.
Henri, F. et Lundgren-Cayrol, K, Apprentissage collaboratif à distance. Sainte-Foy, Canada : Presses Universitaires du Québec, 2003.
Sénécal I. et Blondel C. (2018), « La collaboration ».
Catherine Meilleur

Auteure:
Catherine Meilleur

Rédactrice de contenu créatif @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative

Catherine Meilleur possède plus de 15 ans d’expérience en recherche et en rédaction. Ayant travaillé comme journaliste, vulgarisatrice scientifique et conceptrice pédagogique, elle s’intéresse à tout ce qui touche l’apprentissage : de la psychopédagogie aux neurosciences, en passant par les dernières innovations qui peuvent servir les apprenants, telles que la réalité virtuelle et augmentée. Elle se passionne aussi pour les questions liées à l’avenir de l’éducation à l’heure où se pointe une véritable révolution, propulsée par le numérique et l’intelligence artificielle.