Pourquoi les apprenants adultes ne pourraient-ils pas s’amuser autant que les plus jeunes!? Ce questionnement, qui semble partagé par plusieurs, a incité deux universitaires américains au parcours atypique à passer à l’action. Lisa Forbes et David Thomas ont créé en 2020 Professors at play, un espace d’idéation en ligne pour encourager l’utilisation du jeu et de l’amusement dans l’enseignement supérieur. Voici leurs principaux conseils destinés aux acteurs de ce niveau d’enseignement pour mieux intégrer le jeu et tous ces bienfaits dans leur pratique!

  1. Faire un exercice de réflexion

Intégrer le jeu en enseignement supérieur est audacieux et s’inscrit à contre-courant du caractère traditionnel de cet échelon d’enseignement. C’est pourquoi Lisa Forbes recommande en premier lieu de prendre le temps de réfléchir aux narratifs dominants qui y perdurent depuis des générations, de voir ce que représente pour soi d’être membre d’un département universitaire et d’identifier ce que l’on peut y changer. Le but étant notamment de créer son propre narratif et d’adopter une approche plus alignée sur qui l’on est.

  1. Sortir de sa zone de confort

David Thomas conseille d’aller chercher un collègue, de sa discipline ou non, qui pourra nous soutenir dans cette voie. Il encourage aussi à oser, surpasser sa timidité et sortir de sa zone de confort. Pour sortir de sa complaisance, il donne ce petit exercice : chaque jour, avant d’aller en classe, que ce soit en visioconférence ou en présentiel, choisissez un mot au hasard dans le dictionnaire et trouvez le moyen de l’intégrer à votre cours. Faites-le pour vous! Si vous vous sentez un peu plus brave, vous pouvez partager à vos étudiants le défi que vous vous êtes lancé et leur demander de trouver le mot!

  1. Y aller graduellement

Le jeu étant un continuum qui peut s’incarner dans de petites comme de plus grandes initiatives, il revient à chaque enseignant de choisir les moyens avec lesquels il se sent à l’aise. L’important est de faire de petits pas et de respecter son degré de confort avec le jeu, parce qu’il est vrai que cela peut devenir intimidant et oppressant si on se met la barre trop haute. Ce n’est pas parce qu’il est question de jeu qu’instaurer cette mécanique dans une classe est nécessairement facile ou naturel. On peut donc commencer, par exemple, par une activité brise-glace, puis voir ce que cela provoque avant de tenter une autre initiative. Rappelons que le jeu peut servir à enseigner une notion ou même le contenu entier d’un cours, ou encore être sans lien avec ce contenu et avoir comme objectif de détendre l’atmosphère et de favoriser les connexions interpersonnelles.

  1. Mettre l’attitude au premier plan

Il est important de se rappeler que le jeu transcende les outils et la technique et s’incarne d’abord et avant tout dans l’attitude et l’approche de l’enseignant. En ce sens, l’enseignant doit faire attention de ne pas dissocier sa technique de son attitude, au risque que l’amusement soit perçu comme étant « forcé »; par exemple, proposer un jeu aux étudiants, mais leur enseigner le reste du cours d’une façon stressante. Sans une attitude conséquente de l’enseignant, un jeu ne pourra à lui seul entretenir l’esprit d’amusement dans une classe.

  1. Être créatif

En mode en ligne, David Thomas aime particulièrement cette fonctionnalité de Zoom qui permet de créer des salles de discussion, où il envoie ses étudiants par groupes en leur donnant un objectif qui sort de l’ordinaire, comme de trouver quelque chose qu’ils s’accordent à ne pas aimer. À la différence d’une discussion sur un thème convenu, ce jeu déclenche des conversations inusitées qui humanisent les gens. Sur cette même plateforme, Lisa Forbes utilise pour sa part plusieurs applications, dont Google Forms pour créer des jeux d’évasion dans lesquels ses étudiants doivent relever des défis en petits groupes. Il faut savoir que différents jeux bien connus peuvent aussi s’intégrer en mode en ligne comme en présentiel, qu’il s’agisse d’activités brise-glaces, de jeux-questionnaires ou encore de jeux de rôles. Et si le Web offre aujourd’hui nombre d’outils qui peuvent être utilisés au profit d’une pédagogie ludique, le plus important ce n’est pas tant l’éventail ou la sophistication des outils disponibles que l’idée de s’en servir de façon créative pour permettre des interactions significatives.

Catherine Meilleur

Auteure:
Catherine Meilleur

Rédactrice de contenu créatif @KnowledgeOne. Poseuse de questions. Entêtée hyperflexible. Yogi contemplative

Catherine Meilleur possède plus de 15 ans d’expérience en recherche et en rédaction. Ayant travaillé comme journaliste, vulgarisatrice scientifique et conceptrice pédagogique, elle s’intéresse à tout ce qui touche l’apprentissage : de la psychopédagogie aux neurosciences, en passant par les dernières innovations qui peuvent servir les apprenants, telles que la réalité virtuelle et augmentée. Elle se passionne aussi pour les questions liées à l’avenir de l’éducation à l’heure où se pointe une véritable révolution, propulsée par le numérique et l’intelligence artificielle.